Directions
J’ai arpenté les bois pendant dix ans, opérant un relevé presque scientifique des différentes réponses du pin sylvestre et du pin maritime lorsque se présente un empêchement à se dresser vers la lumière. Dans leur fibre est écrit l’évènement, son déroulement et sa forme. J’ai rassemblé ces troncs, distants dans l’espace et dans le temps, retrouvé le chemin d’une unité, composant un duo, un trio, un quartet, dont les membres jouent, s’écoutent et se respectent mutuellement.
Dans le même temps, avec l’installation « in situ », j’ai exploré mes limites en allant à la ville me confronter au regard de l’autre, en cherchant dans l’espace public la juste place où pourrait s’exprimer mon propre regard. Et c’est la nuit qui porte mes plus beaux fruits, quand l’idée cède à la métaphore, révélée de lumière. L’installation, c’est la jubilation au contact avec les éléments, les forces, le temps.
Dans les deux cas, j’ai noté que mon lieu d’expérimentation se trouvait entre terre et ciel, entre racine et chevelure, entre socle et air, cette bande intermédiaire entre la matière et l’esprit où l’un et l’autre se mêlent en se séparant.
Poursuivant ces axes, j’ai ajouté le dessin, la voie de la main, cette ligne directe qui glisse de la zone hors sens de l’esprit jusqu’à la réalité de la feuille blanche, cette échappée de mon histoire profonde qui me raconte en quelques traits. Je mets à jour le zoo que je porte en moi, dont les membres explorent mon imaginaire, me décalent, poussent mes retranchements. À travers la figure, j’analyse le sujet, je m’interroge sur ma dualité, mon humanité.
Ces dialogues, intimes et sans détours, me propulsent en avant dans le monde.
Concept pour le Dédale édition 2016 :
La nuit est propice à l’apparition de nos fantômes. Ceux qui habitent le fond de ma forêt m’interrogent sur mon humanité. Leur figure est mon sujet et la lumière est leur ombre. Avec eux, j’explore, je dialogue.